Dermatose Nodulaire Contagieuse : appel à la vigilance

Pour la première fois en France et en Italie, des foyers de Dermatose Nodulaire Contagieuse ont été détectés en Sardaigne et en France continentale (Savoie) fin juin 2025. Depuis, la situation épidémiologique est évolutive et de nouveaux foyers ont été confirmés. Les autorités sanitaires des deux États ont mis en place des mesures de gestion visant à l’éradication immédiate de la maladie, notamment : les bovins sardes ne peuvent pas quitter la Sardaigne, y compris pour abattage, et en France, les bovins ne peuvent pas sortir de la zone réglementée.

  • La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale strictement animale qui n’affecte que les bovins, les zébus et les buffles : elle n’est pas transmissible à l’humain - ni par contact direct avec les animaux malades, ni via la consommation de produits issus d’animaux malades, ni par piqûre par les insectes vecteurs de la maladie.

    En revanche, elle est fortement préjudiciable à la santé des bovins : elle se transmet entre animaux par piqûres de mouches piqueuses (stomoxes) ou de tabanidés (taons).

    Conformément à la réglementation européenne, en cas d’apparition de la maladie, l’État doit mettre en place sans délai des mesures de gestion en vue de son éradication immédiate.

  • La période d’incubation de la DNC a été établie à 28 jours par le Code terrestre de l’Organisation mondiale de la santé animale. À l’issue de cette période d’incubation, plusieurs symptômes peuvent apparaître :

    • fièvre pouvant atteindre 41 °C ;
    • abattement ;
    • anorexie ;
    • chute de lactation ;
    • hypertrophie des ganglions lymphatiques ;
    • nodules sur la peau, les muqueuses et les membranes ;
    • atteinte de organes internes ;
    • jusqu’à 45 % de morbidité ;
    • jusqu’à 10 % de mortalité.

    L’évolution de ces symptômes peut être très longue et les séquelles nombreuses (avortements, stérilité, tarissement, amaigrissement).

  • Une épizootie de dermatose nodulaire contagieuse avait été observée en Europe dans les Balkans en 2015-2017. Elle a été éradiquée grâce à un ensemble de mesures de gestion, parmi lesquelles une campagne de vaccination régionale qui a joué un rôle déterminant. Le dernier foyer observé en Europe datait du 10 octobre 2017 au Monténégro.

    La maladie est présente en Afrique du Nord depuis 2023 (Libye, Algérie, Tunisie).

    Fin juin 2025, la maladie a été détectée pour la première fois en Italie (Sardaigne) et en France (Savoie). Depuis, la situation épidémique est évolutive :

    • un foyer en lien épidémiologique avec la Sardaigne a été détecté en Lombardie et est aujourd’hui endigué ;
    • de nouveaux foyers ont été confirmés en Sardaigne. Pour visualiser les foyers sardes, cliquez ici (/ !\ il faut sélectionner dans le menu déroulant "Dermatite Nodulare Contagiosa (Lumpy Skin Desease") ;
    • des foyers ont été détectés en Savoie et en Haute-Savoie.

    En France, une zone réglementée a été mise en place dans un rayon de 50 km autour des foyers : elle évolue au fur et à mesure de la détection de nouveaux foyers. La carte de cette zone réglementée est accessible ici et la liste des communes en zone réglementée peut être téléchargée ici.

    En Sardaigne, les autorités sardes ont placé l’ensemble du territoire en zone réglementée jusqu’au 10 août 2025.

  • Le virus de la maladie est véhiculé par deux types d’insecte hématophage (se nourrissant de sang) en Europe : les mouches piqueuses (stomoxes) et les tabanidés (taons).

    Ces animaux se déplacent peu, ils restent à proximité de leur source de nourriture. De plus, compte-tenu de leur poids, ils ne sont que rarement transportés par les vents. À noter que la durée de vie du virus sur les pièces buccales de ces insectes est de moins de 24h.

    Les insectes vecteurs sont plus nombreux durant les périodes chaudes de l’année, ce qui augmente le risque de transmission entre bovins et peut augmenter le risque de propagation de la maladie.

    La transmission de la maladie sur de longues distances est liée aux mouvements de bovins infectés, qui sont piqués par les insectes de la zone d’arrivée et transmettent ensuite le virus aux bovins présents dans cette zone.

  • À ce jour, la maladie n’a pas été détectée en Corse. Pour autant, en responsabilité, la vigilance de toutes et tous s’impose.

    Vigilance des éleveurs

    Les recommandations à l’attention des éleveurs sont les suivantes :

    • surveiller les signes d’apparition de la maladie sur vos cheptels - notamment nodules, abattement et température élevée ;
    • lutter contre les vecteurs notamment au travers de l’application d’anti-parasitaires externes et en faisant attention aux eaux stagnantes ;
    • isoler les animaux nouvellement introduits dans les élevages ;
    • désinfecter et désinsectiser régulièrement les véhicules et équipements ;
    • éviter les introductions d’animaux vivants.

    Si un éleveur constate des signes cliniques sur son cheptel ou a des doutes à la suite d’une nouvelle introduction dans son cheptel il doit sans attendre contacter son vétérinaire sanitaire.

    Pour plus d’informations, vous trouverez une fiche Réflexe Éleveurs en cliquant ici et une fiche sur les mesures de prévention en cliquant ici.

    Les services vétérinaires des DDETSPP de Corse-du-Sud et de Haute-Corse ont adressé à l’ensemble des éleveurs corses par e-mail ces recommandations. Elles demandent également aux éleveurs de limiter dans la mesure du possible les introductions d’animaux vivants sur l’Île et de leur signaler ces éventuels mouvements aux adresses suivantes :

    • Corse-du-Sud : ddetspp-spa@corse-du-sud.gouv.fr
    • Haute-Corse : ddetspp-spav@haute-corse.gouv.fr

    Vigilance des vétérinaires

    En cas de suspicion dans un élevage, le vétérinaire doit prendre contact le plus rapidement possible avec la DDETSPP du département. Si la suspicion est retenue, en lien avec la DDETSPP, des prélèvements doivent être réalisés et envoyés sans délai au laboratoire de référence.

    Vigilance des transporteurs d’animaux vivants

    Les services sanitaires des DDETSPP de Corse-du-Sud et de Haute-Corse ont pris contact avec les transporteurs d’animaux vivants pour leur demander :

    • d’informer les services vétérinaires en cas d’introduction d’animaux vivants sur l’Île ;
    • de désinfecter et désinsectiser régulièrement les bétaillères ;
    • lorsque la réglementation sanitaire le permet, de désinsectiser les animaux transportés.
  • La limitation des mouvements d’animaux permet de prévenir la propagation de la maladie sur de longues distances. Ainsi, les mouvements de bovins, de zébus ou de buffles depuis les zones réglementées sont interdits. En conséquence l’introduction de bovins en Corse est strictement interdite :

    Par ailleurs, il est recommandé de limiter au maximum toute introduction d’animaux vivants, toute espèce confondue. Si toutefois vous deviez introduire des animaux vivants en Corse, il est demandé de prévenir en amont la DDETSPP du département concerné par e-mail aux adresses suivantes :

    • Corse-du-Sud : ddetspp-spa@corse-du-sud.gouv.fr
    • Haute-Corse : ddetspp-spav@haute-corse.gouv.fr
  • La lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse passe d’abord par la gestion appropriée des suspicions de foyers en élevage bovin : suspension immédiate des mouvements et réalisation de prélèvements.

    En cas de confirmation de l’infection, les mesures de gestion déployées dans l’élevage sont :

    • dépeuplement de tous les bovins du foyer. Du fait des caractéristiques de cette maladie, de sa contagiosité et de sa durée d’incubation longue (28 jours d’après l’Organisation mondiale de la santé animale), l’éradication de la maladie n’est possible qu’en appliquant un dépeuplement total des bovins des foyers, en plus des mesures de limitation des mouvements et de biosécurité. En effet, certains bovins, bien qu’infectés, peuvent ne pas exprimer de signes cliniques, et par conséquent, s’ils restent sur l’élevage, ils contribueront à la diffusion de la maladie.
    • nettoyage, désinfection et désinsectisation du site d’élevage et du matériel (dont véhicules).

    L’État accompagne les éleveurs dans le cadre de ces dépeuplements, et les animaux euthanasiés font l’objet d’une indemnisation. Un soutien psychologique est également proposé à l’éleveur, pour l’accompagner dans cette épreuve difficile.

  • Des vaccins existent pour lutter contre la dermatose nodulaire contagieuse et ont été utilisés avec succès pour lutter contre la maladie, notamment dans les Balkans, en Grèce et en Bulgarie à la fin des années 2010.

    Le 17 juillet 2025, la ministre en charge de l’agriculture a réuni un CNOPSAV exceptionnel pour valider le déploiement d’une stratégie vaccinale en France afin d’endiguer la maladie. À la suite d’un avis favorable du CNOPSAV, une campagne de vaccination obligatoire des bovins sera déployée, à compter du 21 juillet 2025, dans :

    • la zone réglementée française (zone de protection et zone de surveillance)
    • dans une bande de 20 km autour de rayon autour de la zone réglementée appelée "zone périvaccinale de surveillance".

    La Sardaigne, qui a reçu 300 000 doses de vaccin, débutera également une campagne de vaccination à partir du 21 juillet 2025.


Pour aller plus loin
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